Les Traitements

Un grand nombre de gemmes sur le marché ont été traitées de diverses façons soit pour en améliorer ou en changer l’aspect, soit pour en améliorer la durabilité. 

Traitement par chauffage des saphirs du Montana
Traitement par chauffage des saphirs du Montana

Dans le premier cas, les traitements peuvent affecter la couleur : la changer, la foncer ou la pâlir, provoquer un phénomène d’astérisme ou éliminer des inclusions. Dans le deuxième cas, on améliore la résistance de la pierre pour qu’elle reste belle longtemps. Parfois on combine plusieurs traitements pour obtenir l’effet désiré. 

 

La présence ou l’absence de traitement dans une gemme peut grandement influencer son prix, c’est pourquoi il est important de divulguer les traitements lors de la vente. Membre de l’ICA (International Colored Gemstones Association), Pierres de Charme s’engage à divulguer tout traitement connu et à respecter les normes de l’organisation[1].Tous les membres de l’ICA doivent faire mention des traitements des pierres vendues par un code qui paraît sur leurs factures. Les membres de l’AGTA (American Gem Trade Association) et de la CIBJO (World Jewellery Confederation) suivent la même règle et appliquent les mêmes codes. [2]

 

Cette section décrit les traitements les plus courants en profondeur.

Types de traitements

 

Le blanchiment

 

Le blanchiment vise à éclaircir, éliminer ou homogénéiser la couleur d’une gemme à l’aide d’agents blanchissants. Ce traitement est relativement stable, à condition de ne pas retailler ou repolir la surface de la gemme. Il peut en affecter la durabilité; c’est pourquoi il peut être combiné à un traitement par imprégnation (voir ‘’Imprégnation et remplissage’’ plus loin). Le traitement peut être difficile à identifier à la loupe ou au microscope.

 

  • On peut blanchir du corail noir afin d’en modifier la couleur et le rendre doré; il existe aussi du corail doré naturel.

 

  • La jadéite peut être blanchie puis imprégnée d’une résine synthétique pour lui donner une couleur plus homogène ou plus intéressante. On la qualifie alors de B-Jade.

 

  • Beaucoup de perles de culture sont traitées par blanchiment afin d’en homogénéiser la couleur et de les rendre très blanches. Les perles de culture de Tahiti peuvent aussi être “blanchies” afin de leur donner une couleur marron ou chocolat.

 

  • L’oeil-de-tigre (Quartz) et certaines calcédoines peuvent être traités par  blanchiment afin d’en pâlir la couleur.  
Blanchiement jade
Avant (gauche) et Après (droite) un traitement de blanchiement sur du Jade © GIA

La teinture

 

La teinture peut être utilisée sur tout matériau poreux ou plus ou moins perméable. Elle sert à changer la couleur d’un matériau préalablement blanchi, intensifier ou homogénéiser la couleur. La loupe et le microscope permettent d’observer des concentrations de couleur à la surface de la gemme ou sous forme de veines colorées dans certaines fissures. Pour le gemmologue, le spectroscope peut l’aider à détecter la présence de teinture, notamment dans le cas de teintures au chrome; la fluorescence aux UV peut aussi lui donner une indication de traitement.

 

La teinture n’est généralement pas un traitement très stable. Au fil du temps, la couleur peut pâlir ou disparaître. Il est très important de divulguer un traitement par teinture car il peut largement influencer la valeur de la pierre.

 

  • On teint le corail précieux ou le corail éponge pour leur donner une couleur rose ou rouge.

 

  • La jadéite pâle, ou préalablement blanchie, peut être teinte pour obtenir différentes couleurs dont le vert vif du jade Impérial. Si elle est seulement teinte, elle est qualifiée de C-Jade et si elle est teinte et imprégnée, elle est qualifiée de B&C Jade.

 

  • Le lapis lazuli peut être teint afin d’en améliorer la couleur. Ses imitations, notamment le jaspe, la howlite et la magnésite, peuvent aussi être teintes d’un bleu intense.

 

  • Les perles de qualité inférieure peuvent être teintes dans une large gamme de couleurs. Certaines perles sont trempées dans du nitrate d’argent afin d'imiter les perles de culture de Tahiti.

 

  • Les variétés polycristallines du quartz sont plus poreuses et sont  facilement teintes.

 

  • Tout comme le lapis lazuli, la turquoise peut être teinte afin d’en améliorer ou d’en uniformiser la couleur. La howlite et la magnésite peuvent aussi être teintes pour imiter la turquoise.

 

L’ambre, les émeraudes, certains corindons, la néphrite et les opales peuvent aussi être traitées par teinture.   

Calcédoine teinte
Calcédoine (Quartz) teinte de différentes couleurs © GIA

Le revêtement de surface

 

Le traitement par revêtement de surface consiste à appliquer une fine couche d’un matériau sur la surface de la culasse d’une pierre, ou sur toute sa surface. Toutes les couleurs sont possibles. On peut également créer un phénomène d'irisation aux couleurs de l’arc-en-ciel comme dans le cas de la ‘’topaze mystique’’.

 

Ce traitement est normalement assez facile à détecter à la loupe, sauf si la pierre est sertie. On observe alors des rayures ou des manques à la surface de la culasse. Ce traitement est plus ou moins stable selon le matériau utilisé. Si la pierre est en contact avec d’autre pierres ou métaux, le revêtement pourrait se détériorer.

 

  • On peut peindre la base de l’ambre en noir pour lui donner une couleur verdâtre. Un revêtement d’époxy en améliore la durabilité.

 

  • Lorsque le diamant est légèrement jaune, un revêtement bleu peut améliorer la couleur de la pierre.

 

  • La topaze et le cristal de roche sont les deux matériaux naturels les plus susceptibles d’être traités à l’aide de revêtements, or, titane ou cobalt, pour donner l’effet “mystique”. L’oxyde de zirconium cubique fait également l’objet de traitements par revêtement de surface. 

 

Plus rarement la perle, la tanzanite, la tourmaline et la turquoise peuvent aussi être traitées de cette manière. 

Topaze mystique recouvrement surface
Topaze traitée par revêtement de surface connu sous le nom de Topaze Mystique © Minerals.net

Imprégnation et remplissage

 

L’imprégnation et le remplissage permettent d’améliorer l’apparence ou la durabilité d’une gemme. Toute pierre présentant des fissures arrivant à la surface, des cavités, ou une surface poreuse, peut être traitée par imprégnation et remplissage. Ce traitement est généralement facile à détecter à la loupe ou au microscope.

 

Imprégnation

 

Le traitement par imprégnation peut être fait à l’aide de cire ou de paraffine dans le but d’améliorer l’apparence et l’éclat de la surface d’une gemme. L’imprégnation à l’aide de résine synthétique renforce la durabilité dans le cas d’une pierre fragile en la stabilisant, ou dans le cas d’une pierre fragilisée antérieurement par un traitement par blanchiment.

 

La stabilité du traitement dépend de la matière utilisée. Le traitement par imprégnation de  cire ou de paraffine peut disparaître après quelques années mais il est facile à renouveler. Les résines, quant à elles, sont normalement assez stables. Les traitements par imprégnation sont courants et généralement acceptés dans le cas de nombreuses pierres, notamment le jade, le lapis lazuli, la turquoise, l’ammolite, etc. Il peut être parfois difficile à détecter.

 

  • Le corail mou, tel que le corail éponge, est traité par imprégnation de résine afin d’en améliorer la durabilité[4].

 

  • La jadéite qui n’a pas été blanchie ou teinte, et qui est seulement imprégnée de cire ou de paraffine pour en améliorer l’éclat, est appelé A-Jade. La jadéite qui a été préalablement traitée peut être imprégnée d’une résine afin d’en améliorer la durabilité. Ce traitement c’est pas stable mais peut être facilement répété.

 

  • La turquoise, une pierre extrêmement poreuse, est presque toujours traitée par imprégnation de cire ou de résine afin de la stabiliser.

 

D’autres pierres comme le béryl, le chrysobéryl, les corindons, le diamant, les feldspaths, la fluorite, le lapis lazuli, la néphrite, l’opale, le péridot et la tourmaline peuvent être traitées par imprégnation si elles présentent des fissures arrivant à la surface.

 

Remplissage

 

Le traitement par remplissage se fait lorsque les fissures d’une pierre atteignent la surface. En introduisant une substance comme de l’huile, de la résine, du borax ou du verre au plomb, les fissures qui sont normalement apparentes ne se voient plus à l’oeil nu. Les substances utilisées ont souvent un indice de réfraction près de celui de la pierre; elles peuvent être colorées afin d’améliorer la couleur de la pierre.

 

Le traitement par remplissage est stable sauf dans le cas du remplissage à l’huile et doit être divulgué en tout temps. Il est généralement facile à détecter par un gemmologue à l’aide d’une loupe ou d’un microscope.

 

  • La plupart des émeraudes utilisées en joaillerie sont traitées par remplissage des fissures à l’huile afin de dissimuler les fissures présentes. L’huile de pin est la plus souvent utilisée car son indice de réfraction est proche de celui du béryl. On utilise également de la résine.

 

  • Le fait que dans leur composition les opales comportent de l’eau,  elles peuvent craquer. Une imprégnation à l’aide de résine peut servir de scellant. On les traite également par remplissage des fissures à l’huile si des fissures sont présentes au départ.

 

  • Un grand nombre de rubis de qualité commerciale sont traités par remplissage des fissures à l’aide de verre au plomb ou d’autres substances. Ce traitement améliore la couleur et la pureté d’une pierre de moindre qualité. Pierres de Charme ne vend pas de telles pierres.

 

  • Les tourmalines présentent souvent des fissures arrivant à la surface; elles peuvent donc être traitées par remplissage des fissures à l’huile ou à l’aide d’une résine.

 

Toutes les pierres qui présentent des fissures qui arrivent à la surface sont susceptibles d’être traitées par remplissage à l’huile ou à la résine.

Émeraude remplissage huile résine béryl
Avant (gauche) et Après (droite) un traitement par remplissage d'huile ou de résine dans une émeraude © GIA

Chauffage

 

Le traitement par chauffage est l'un des traitements les plus anciens. Il permet d'améliorer ou de modifier l’apparence d’une pierre de multiples façons. On chauffe une pierre pour en améliorer la couleur, la pâlir ou l’intensifier et parfois même la changer. On chauffe également une pierre pour faire disparaître ses inclusions (qui fondent) et ainsi atténuer leur présence qui nuit à la pureté de la pierre, ou au contraire, on peut faire apparaître des inclusions et provoquer un effet d’astérisme. Enfin, on peut aussi chauffer une pierre pour provoquer des fissures (par choc thermique), la teindre et imiter ainsi une pierre naturelle.

 

Dans la plupart des cas, le traitement d’une pierre par chauffage est stable. Ce traitement est parfois difficile à détecter car il s’apparente à des processus naturels.

 

  • La grande majorité des corindons sur le marché sont traités par chauffage, et ce pour de multiples raisons. Selon la température et l’atmosphère (la présence ou l’absence d’oxygène) il est possible d’éliminer les aiguilles de rutile présentes dans la pierre, ou bien d’en provoquer la formation. Par chauffage, on peut modifier la chimie des éléments colorants de la pierre (chrome, fer, titane, etc.) et changer la couleur. Ainsi, le chauffage peut rendre les rubis plus rouges en éliminant les nuances de brun ou de bleu. Il rend des saphirs incolores bleu, ou bien en intensifie le bleu. La couleur des saphirs de couleurs fantaisie peut aussi être modifiée, notamment dans le cas des saphirs jaunes.

 

Le traitement par chauffage est un traitement courant et stable largement accepté dans le marché. Les pierres importantes de bonne qualité qui n’ont pas été traitées par chauffage sont souvent accompagnées de certificats provenant de grands laboratoires gemmologiques réputés.

 

  • L’aigue-marine est traitée par chauffage pour éliminer les teintes de jaune présentes au départ dans des aigues-marines verdâtres. Le résultat est impressionnant, un beau bleu, et le traitement est stable.

 

  • Un traitement par chauffage appelé clarification élimine les petites bulles présentes dans l’ambre et de ce fait en améliore la transparence. Un autre type de traitement par chauffage de l’ambre est qualifié de brûlage; on chauffe l’ambre pour lui donner une apparence ancienne. Il est important de faire refroidir l’ambre très lentement, sinon il y a choc thermique et des fissures internes apparaissent, des éclatements lenticulaires, parfois appréciés des amateurs.

 

  • La Jadéite jaunâtre peut être chauffée pour lui donner un aspect ancien, légèrement brunâtre.

 

  • La couleur jaune de la citrine (quartz cristallin) est le résultat du chauffage d’une améthyste. Le quartz cristallin peut être aussi être chauffé et rapidement refroidi (choc thermique) pour provoquer des fissures puis  trempé dans une solution colorée et ainsi donner ce que l’on appelle les rubasses. Ce traitement est très facile à détecter.

 

  • On chauffe la tourmaline pour en améliorer la couleur. Les vertes très foncées sont chauffées pour en pâlir la couleur. On traite aussi les tourmalines cuprifères roses ou violettes au départ pour obtenir une couleur vive bleu-vert néon. Le résultat est très stable.

 

  • La topaze est chauffée après un traitement d’irradiation (voir plus bas) pour lui donner une couleur bleu vif.

 

La fluorite, la néphrite, le spodumène, la tanzanite et les zircons peuvent aussi être traités par chauffage. 

chauffage tanzanite zoisite
Avant (gauche) et Après (droite) un traitement d'une Tanzanite (zoisite) © GIA

Diffusion

 

Le processus de diffusion est utilisé pour modifier une couleur ou provoquer un phénomène optique d’astérisme. On le rencontre essentiellement dans les corindons : saphirs, rubis et saphirs padparadsha.

 

Il consiste à chauffer la pierre à très forte températures pendant plusieurs jours en ajoutant des éléments chimiques comme le fer et le titane (pour donner du bleu), du chrome (pour donner du rouge) ou du nickel (pour donner du jaune) ainsi que de l’oxyde d’aluminium[4]. Les éléments ne pénètrent que très superficiellement dans la pierre, une fraction de millimètre d’épaisseur à la surface de la gemme. La pierre ne peut donc pas être retaillée au risque de perdre sa couleur. Un gemmologue expérimenté est en mesure de détecter le traitement.

 

Il existe un autre un type de diffusion, dit diffusion ‘’à cœur’’, où l’élément chimique utilisé est le béryllium. Étant donné que l’élément de béryllium est plus petits que les éléments présent dans le corindon, ils pénètrent dans toute la pierre. Ce traitement est plus stable que la diffusion de surface et il est parfois difficile à détecter.

saphir diffusion surface
Saphir traité par diffusion de surface © Lotus gemology

Irradiation

 

Pour en changer la couleur, certaines pierres peuvent être exposées à des radiations artificielles telles que des rayons gamma, des rayons de neutrons ou des faisceaux d’électrons. Les radiations créées par ce traitement s’apparentent à des phénomènes d’irradiation naturels. Les traitements modernes sont tout à fait au point; ils n’émettent aucune radiation dangereuse.

 

Parfois l’irradiation est suivie d’un traitement de chauffage. Dans le cas du spodumène (kunzite) et du corindon, la couleur due à l’irradiation peut être instable; en revanche, elle est plutôt stable dans le quartz, les topazes, les perles, les béryls et les diamants.

 

  • L’aigue-marine bleu-vert peut être chauffée pour éliminer la nuance de vert; elle peut être aussi irradiée pour éliminer les tons de bleu et vert et la rendre très jaune[5]. Les morganites roses sont souvent traitées par irradiation pour éliminer les nuances de jaune. Les morganites non traitées sont relativement rares.

 

  • Un grand nombre de quartz doit sa couleur à l’irradiation. Le quartz incolore, ou très pâle, peut être irradié pour lui donner une couleur qui va de jaune-vert à brun (fumé) et les citrines peuvent être irradiées pour les rendre violettes. La plupart des prasiolites (améthystes vertes) doivent leur couleur à un traitement par irradiation.

 

  • Les topazes bleues que l’on trouve sur le marché ont presque toutes été traitées par irradiation suivie d’un traitement par chauffage. La topaze incolore est irradiée et devient brune, puis elle est chauffée pour devenir bleu-gris foncée (London blue), bleu très vif et saturé (Swiss blue) ou bleu pâle rappelant la couleur de l’aigue-marine (Sky blue). Les topazes bleues naturelles sont souvent pâles. Ce traitement est très stable et accepté.

 

  • Les perles peuvent être irradiées afin d’en noircir le noyau ce qui  leur donne une apparence plus foncée dans des tons de gris, de bleu ou de noir. Il est possible de détecter ce traitement en observant la couleur du noyau, dans le trou de la perle, à l’aide d’une forte source lumineuse  et d’une loupe.

 

 Le chrysobéryl, le diamant, le spodumène, la tourmaline et les zircons peuvent aussi être traités par irradiation pour en modifier la couleur.

Topaze irradiation
Résultat de l'irradiation des topazes ©GIA
 

 [1] H.     It is the duty of every ICA member to protect the industry and their clients against fraud, misrepresentation, and unethical practices in gemstone transactions and avoid exaggeration and concealment of any pertinent facts. Each member should endeavor to eliminate any practices which could be damaging to the industry or bring discredit to the trade. Code of Ethics. (n.d.). Retrieved June 3, 2017, from http://www.gemstone.org/mission/code-of-ethics

[2]In recognition of the ever increasing importance of proper disclosure of gemstone treatments three major global organizations, the American Gem Trade Association (AGTA), the World Jewellery Confederation (CIBJO), and the International Colored Stone Association (ICA), have reached consensus on a global method of colored gemstone treatment disclosure within the trade. AGTA, CIBJO and ICA Join to Adopt Colored Gemstone Disclosure Codes. (n.d.). Retrieved June 6, 2017, from http://www.cibjo.org/pressreleases/release_4310.pdf

[3] (2010). Co-3. In Cours de base en gemmologie Gem-A. London. 

[4] Section 13-7. In Cours de base en gemmologie Gem-A. London, 

[5] Section D13-16. In Cours de base en gemmologie Gem-A. London,