Publié le : 28 janvier 2019

Voici enfin la deuxième partie de notre infolettre sur l’éthique. Nous avons eu un grand plaisir à vous poser des questions et à lire vos réponses. Ce mois-ci, nous vous proposons de découvrir le fonctionnement des mines à Madagascar et comment une mine d’émeraudes à la fine pointe de la technologie, au Brésil, se bat pour conserver l’environnement en protégeant la faune et la flore qui l’entourent.

Madagascar

Nous avons eu l’occasion de discuter avec un propriétaire de plusieurs mines, à Madagascar, qui a eu la générosité de nous expliquer la dynamique qui existe entre les mineurs et leur propriétaire. C’est une histoire de relation de confiance, d’aide et de réciprocité. 

Le propriétaire de la mine fournit au mineur les techniques, l'équipement et les outils, de même que la nourriture (principalement des sacs de riz) et les soins de santé pour le mineur et sa famille. Les équipes sont le plus souvent composées de 12 à 15 mineurs. Aucun enfant ne travaille aux mines et il y a très peu d’accidents.

Les mineurs sont bien formés sur les techniques à employer et, de plus, ils reçoivent des conseils préventifs. Les pierres que le mineur trouve lui appartiennent. L’unique condition est que le propriétaire de la mine puisse avoir le premier droit de regard et qu’il offre un prix juste pour le lot. Les pierres sont ensuite taillées dans un atelier de 7 lapidaires dans la capitale d’Antananarivo.

Il existe 18 ethnies à Madagascar. La mine embauche des mineurs locaux et respecte les territoires et ses habitants. Il faut créer des emplois, une économie là où il n’y en a pas.

L’anecdote du potager

Un jour, en se rendant à la mine, le propriétaire réalise que le village pourrait bénéficier d’un potager commun. En effet, chaque jour les habitants mangent du riz et de la viande, sans légumes. Les villageois lui expliquent que c’est impossible de faire pousser quoi que ce soit sur cette terre. Sans source d’eau importante, ils ne peuvent effectivement pas faire pousser de légumes. Il décide alors de faire creuser 4 puits à différents endroits au village - un de 7 mètres de profondeur et 3 de 21 mètres - et de créer un potager de 1000 m2. Il fait ensuite venir de France un ami jardinier et engage 3 locaux afin de l’aider à démarrer la culture du potager.

Son plan est que, une fois le potager en marche, les locaux soient responsables de le gérer, un peu comme une coopérative. Chaque villageois doit y travailler deux heures par semaine en échange d’un panier de légumes.

La fête nationale de Madagascar étant pour bientôt, il décide alors d’organiser une grande kermesse et d’y inviter tous les villageois. Musique, danse, nourriture et jeux sont au programme. C’est l’occasion pour lui de faire un recensement qui servira à organiser le potager. Une invitation à la fête est donc donnée pour chaque personne recensée.

Trois mois plus tard, les légumes poussent en grande quantité; oignons, tomates, asperges, aubergines, fines herbes et bien plus abondent. Le jardinier français quitte le village, son travail étant terminé. Il ne reste plus qu'à arroser les légumes, enlever les mauvaises herbes et maintenir le potager en vie.

Lorsqu’il revient plus tard visiter le village, le jardinier retrouve un potager abandonné. Les villageois ont mangé tous les légumes, mais sans l’entretenir! Il est parfois difficile de responsabiliser les gens et de changer leurs moeurs.

Brésil

La grande majorité des émeraudes que vous trouvez chez Pierres de Charme proviennent du Brésil, nous les achetons directement de la mine. Comme cette mine se trouve sur la terre de la ferme familiale du propriétaire, qui est située à une quinzaine de kilomètres de Itabira, dans le Minas Gerais (nom qui signifie mines communes), le respect de cette terre et de l’environnement y a toujours été un enjeu important.

C’est après la découverte du gisement, en 1978, que la famille s’est mise à exploiter la mine à ciel ouvert. Aujourd’hui, deux autres mines souterraines sont opérationnelles. Les mines souterraines produisent beaucoup moins de déchets que les mines à ciel ouvert. L’environnement est considéré du début à la fin des opérations. 

 

Voici quelques exemples de mesures prises par l’entreprise :

Récupération et filtration de l’eau. L’eau utilisée pour l’extraction des pierres contient des particules de minéraux pouvant contaminer celle-ci. Toute l’eau utilisée est transférée dans un système de filtration de 7 étangs situés à des niveaux différents. Elle passe d’un bassin à l’autre avant d’être complètement filtrée puis retournée à la rivière.

Remplissage des mines. Les résidus de terre ou les minéraux qui ne contiennent pas d’émeraudes sont mis de côté et replacés de façon stratégique. Une fois que la mine originale à ciel ouvert ne produit plus, elle est alors remplie avec les résidus des autres mines souterraines. La surface peut ensuite être reboisée. Ce processus s’étale sur environ une dizaine d’années.

Reforestation. Le gérant de la mine possède un diplôme en ingénierie environnementale. La mine assume totalement sa responsabilité de reforestation. Une pépinière cultive les arbres indigènes afin de les replanter une fois la mine originale remplie. Des recensements de la faune et de la flore sont faits sur une base régulière afin de s’assurer qu’un même nombre d’animaux retournent à la forêt une fois celle-ci renouvelée.

Réduction des distances. La terre qui est enlevée est relocalisée de manière à parcourir la plus petite distance possible. Les résidus sont déplacés vers des endroits déjà minés afin de ne pas contribuer à la dégradation des endroits intouchés.

Aujourd’hui, c’est l’une des mines de pierres de couleurs les plus sophistiquées de la planète et nous sommes extrêmement fières de travailler avec eux. 

Détermination de l’origine

Lors de mon voyage à Bangkok, j’ai assisté à une discussion sur les nouvelles sources de saphirs et d’émeraudes en Éthiopie menée par Wim Vertriest, M. Sc, GIA, GG, FGA, superviseur du département de Field gemology chez GIA, à Bangkok. Il nous a aussi expliqué comment les grands laboratoires comme GIA déterminent l’origine des pierres. Nous savions déjà que l’origine est déterminée par comparaison entre différents échantillons. Voici donc les différents types d’échantillons utilisés dans le cadre de ces recherches, classés par ordre de fiabilité.

Les échantillons recueillis par le gemmologue à même la mine

Les échantillons recueillis par le mineur directement à la mine, sous la supervision du gemmologue

Les échantillons recueillis à la mine sans que le gemmologue n’ait été témoin de l’extraction

Les échantillons recueillis par le mineur mais échangés ailleurs qu’à la mine

Les échantillons recueillis au marché près de la mine

Les échantillons obtenus dans les gem shows.

Ces laboratoires ont des milliers d’échantillons et analysent chacun d’eux afin de voir les différents niveaux de concentration en minéraux et les inclusions présentes, ainsi que leurs réactions à différents tests. Lorsque vous envoyez vos pierres en laboratoire, les données obtenues sont comparées à celles de leurs échantillons.